La corticothérapie, un traitement à base de corticostéroïdes, est largement utilisée en médecine pour ses puissants effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs. Elle joue un rôle crucial dans la prise en charge de nombreuses pathologies, allant des maladies auto-immunes aux affections inflammatoires chroniques. Cependant, la prescription de la corticothérapie nécessite une approche rigoureuse et bien encadrée, en raison de ses potentiels effets secondaires et des risques associés à un usage prolongé. Cet article se propose de détailler les modalités de prescription de la corticothérapie, en abordant les indications, les posologies, ainsi que les précautions à prendre pour optimiser les bénéfices tout en minimisant les risques pour le patient.
Les règles de prescription des corticoïdes |
Sommaire :
- Bien poser l’indication de la corticothérapie
- Eliminer les contre-indications
- Prescrire la bonne molécule à la bonne dose
- Prendre en considération les interactions médicamenteuses
- Expliquer au malade les bénéfices de son traitement, risques et effets indésirables ainsi que les différentes mesures pour les minimiser.
- Surveillance régulière et rigoureuse
- Arrêt progressif de la corticothérapie dès que la maladie le permet.
1- Bien poser l’indication de la corticothérapie:
Adapter l'indication au patient et au terrain:
- En urgence : Œdème cérébral, Œdème de Quincke, insuffisance surrénalienne aigue…
- Corticothérapie courte durée
- La durée de traitement est de 5 à 10 jours.
- Utilisation d’un corticoïde à ½ vie courte.
- Administration en une seule prise /jour.
- Posologie initiale élevée avec arrêt brutal.
- Amélioration rapide + limitation des effets secondaires
- Corticothérapie prolongé
- Maladies systémiques : LES, Vascularites, myopathies inflammatoires …
- Hématologie : PTI, Anémie hémolytique, Leucose, Lymphome, Myélome
- Affections digestives : RCH, maladie de Crohn, Hépatite auto-immune
- Néphrologie : Syndrome néphrotique
- Rhumatologie : Rhumatisme inflammatoires chroniques
- Pathologie respiratoire
2- Prescrire la bonne molécule à la bonne dose
- Choix de la voie d’administration:
- Voie orale: La plus simple et la plus adaptée à un traitement au long cours.
- Voie injectable: Fortes doses de méthylprednisolone (solumédrol*) 10-20 mg/kg/j en IV, 3j de suite = bolus
- Voie locale: Inhalation, Dermocorticoïdes, Infiltration, Collyres
- Choix de la posologie:
- Dépend de la nature de la pathologie et de sa sévérité.
- Fortes doses : 0,75-1 mg/kg/j
- Doses moyennes : 0,5 mg/kg/j
- Doses faibles : 0,1 mg/kg/j
- Répartition des prises:
- Privilégier la prise matinale unique, parfois doses fractionnées en 2 prises (posologie la plus forte le matin à 08 heure/ 2ème prise à 16h).
3- Eliminer les contre-indications:
Il n’existe pratiquement pas de contre-indications absolues à une corticothérapie d’indication vitale.
- Diabète
- Ulcère gastro-duodénal
- HTA
- Infections
- Etats psychotiques
4- Prendre en considération les interactions médicamenteuses
- Hypokaliémie:
- ↗Risque d’hypokaliémie si association avec TTT hypokaliémiants : diurétiques
- Augmentation des risques liés à l’hypokaliémie (torsade de pointe si association avec des médicaments allongeant l’espace QT, digitaliques)
- ↘ de l’effet des corticoïdes si association à des inducteurs enzymatiques (ex : rifampicine)
- Diminution de l’effet du lithium : ⇑ lithiémie par clairance rénale du lithium
Les règles de prescription des corticoïdes |
5- Expliquer au malade les bénéfices de son traitement, risques et effets indésirables ainsi que les différentes mesures pour les minimiser.
- Mesures adjuvants:
- Manger moins salé et moins sucré
- Supplémentation potassique en cas d’hypokaliémie confirmée biologiquement ou pour des doses de corticoïdes ≥ 20 mg/j
- Supplémentation vitamino-calcique en cas d’anomalie du bilan.
- IPP si antécédents d’ulcère ou symptômes digestifs gastriques.
- Bisphosphonates : sujet à risque
- Activité physique : éviter les sports violents. Marche à pas vif de 30 minutes par jour minimum.
- Corriger les FDR cardiovasculaires.
- Vaccin covid 19 à ARNm
- Effets indisérables:
- Cardio-vasculaire et électrolytes : HTA, rétention hydro-sodée, oedèmes, hypokaliémie
- Endocrinie : hyperglycémie, diabète, insuffisance cortico-surrénalienne secondaire
- Immunitaires : Susceptibilité augmentée aux infections comme l’hépatite B, la tuberculose..
- Musclo-squelettique : ostéoporose, nécrose osseuse aseptique, myopathie cortisonique, rupture tendineuse
- Peau : hirsutisme, atrophie cutanée avec eccymoses
- Gastro-intestinal : risque augmenté d'ulcère, si combiné avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens
- Oeil : Cataracte et glaucome
- Psychiatrique : Psychose, trouble de l'humeur, dépression
6- Surveillance régulière et rigoureuse
- La surveillance doit être double et viser à la fois :
- La maladie traitée : Symptômes cliniques, Examens para cliniques ; biologiques, radiologiques…
- La corticothérapie proprement dite :
- L’observance du traitement : posologie, horaire…
- L’observance du régime diététique et des autres mesures adjuvantes.
- La tolérance du traitement.
7- Surveillance régulière et rigoureuse
Arrêt progressif de la corticothérapie dès que la maladie le permet.
- Réduire la posologie progressivement de 10% de la dose tous les 10 à 15 jours jusqu’à la moitié de la dose.
- Ensuite dégression par paliers de 5% de la dose tous les 10 à 15 jours jusqu’à 10 mg.
- puis dégression de 1mg tous les mois jusqu’à 5mg.
- Après introduction de l'hydrocortisone 20mg/j à 08H du matin pendant 3 mois et continuer la dégression → Dosage de la cortisolémie le matin à 08H, minimum 24 heures après la dernière price d'hydrocortisone:
- < 5ug/dl => garder patient sous hydrocortisone → dosage de la cortisolémie après 3 mois
- 5-18ug/dl => Test au Synachtène
- Si < 20ug/dl → poursuivre l’hydrocortisone
- Si > 20ug/dl → Arrêt de l’hydrocortisone
- > 18ug/dl => Arrêt de l’HC : Axe HHS est fonctionnel
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